Les poissons-chirurgiens : Acanthurus, Paracanthurus, Zebrasoma
Les poissons-chirurgiens se composent des genres Acanthurus, Ctenochaetus, Naso, Paracanthurus, Prionurus et Zebrasoma. Chaque poisson-chirurgien a un corps compressé latéralement et une longue nageoire dorsale qui court tout le long du dos, leur donnant une allure à la fois gracieuse mais véloce : ce sont des poissons extrêmement rapides. La plupart des Acanthuridés s'acclimatent facilement à la nourriture sèche (paillettes et granulés) avec, toujours, une part végétale dans leur alimentation. L'espérance en durée de vie d'un poisson-chirurgien en aquarium est longue, très longue : 20 ans et plus. (Voir fiche Chirurgien)Chirurgien
Malgré leur apparence plutôt élancée vue de profil, l'épaisseur de leur abdomen étonne : ces animaux marins mangent énormément pour entretenir leur puissance et leur rapidité de mouvement.
Le nom de famille décrit, en grec ancien, un trait commun : acantha, l'épine, et oura, la queue ; ces poissons marins sont donc pourvus d'épines osseuses sur le pédoncule caudal. Selon les genres, une ou deux paires d'épines tranchantes ou une série de plaques osseuses en nombre variable sont présentes. Les épines sont, selon les genres encore, rétractées dans un sillon du tégument (Acanthurus, Ctenochaetus, Zebrasoma et Paracanthurus) ou érigées de manière permanente (Naso). Ces scalpels (pour continuer la métaphore médicale qui décrit usuellement cette famille de poissons dits « chirurgiens ») servent au poisson à se défendre et sont un moyen d'intimidation efficace : peu de poissons osent se frotter à un poisson-chirurgien, sous peine de se voir infliger de douloureuses balafres (cela peut égalent arriver au soigneur de ces animaux en captivité…).
À propos du régime alimentaire, il existe quelques différences notables entre les poissons-chirurgiens : la plupart des Acanthurus et tous les Zebrasoma broutent inlassablement les roches du récif, à la recherche d'algues filamenteuses, de diatomées et de sources végétales diverses ; il faudra s'en souvenir dans la composition de leur menu en captivité, en leur accordant une large part d'algues au quotidien. Ceux-là consomment aussi, dans une moindre part, les déchets métaboliques organiques du récif, en fouillant les couches sédimentaires. Les Naso, Prionurus et Paracanthurus hepatus, ainsi qu'Acanthurus mata, A. lineatus, A. sohal, et A. gahm, sont plutôt planctonophages : un menu plus diversifié, partiellement carnivore. Les Ctenochaetus ainsi qu'A. pyroferus, A. Nubilus, A. tristis et A. triostegus sont détritivores, ils râpent les couches organiques protéinées du décor et fouillent à la recherche de tout ce qui peut se consommer sur les zones de dépôts de sédiments. Ces poissons se révèlent être d'excellents alliés pour aider à éliminer les déchets organiques du bac, notamment les fèces des autres poissons que, par exemple, de nombreux Ctenochaetus (genre à tendance détritivore) semblent apprécier.
Pour tous les poissons-chirurgiens, une part végétale quotidienne est recommandée, elle entretient la bonne santé du système digestif.
La plupart des espèces atteignent une taille respectable : les plus petits représentants de la famille, Zebrasoma scopas et quelques Ctenochaetus, mesurent une quinzaine de centimètres adultes; beaucoup d'Acanthurus atteignent 40 cm, et les plus grands Naso, 90 cm.
Attention, les poissons chirurgiens sont très sensibles au stress, avec des réactions d'agressivité parfois très violentes ou une propension à développer rapidement des parasitoses de la peau (comme Cryptocaryon irritans ou l'Oodinium) s'ils ne se sentent pas à l'aise dans leur environnement.
Il faut prendre particulièrement soin de leur aménager un aquarium avec une qualité d'eau irréprochable et le volume nécessaire selon l'espèce, ainsi que choisir des compagnons qui assureront une cohabitation pacifique car les concurrents herbivores sont souvent mal tolérés, surtout s'ils arrivent après.
Une mise en quarantaine et un traitement prophylactique contre les parasites est conseillé pour chaque poisson ajouté ultérieurement. Une fois bien acclimatés, et s'ils sont maintenus dans de bonnes conditions, ce sont des animaux extrêmement robustes, dont l'espérance de vie atteint une cinquantaine d'année pour les plus vieux spécimens observés. En 2017, des poissons-chirurgiens (espèces pélagiques de 60-80 cm) âgés de 52 ans vivent à l'Aquarium d'Amnéville en Moselle (un don du Muséum-Aquarium de Nancy). Même les petites espèces ont une durée de vie de 20-25 ans en aquarium.